La Mandragore officinale, Mandragora officinarum, est une plante herbacée vivace, des pays du pourtour méditerranéen, voisine de la belladone. Cette plante, riche en alcaloïdes aux propriétés hallucinogènes, est entourée de nombreuses légendes, les Anciens lui attribuant des vertus magiques extraordinaires.
En effet, depuis l’antiquité, d’innombrables légendes se sont formées autours de cette plante rare et de ses pouvoirs magiques. La racine fut aussi bien portée comme talisman qu’ingérée en guise de philtre d’amour. Son usage est étroitement liée au culte des plantes, à la sorcellerie ainsi qu’à la magie noire.
La Mandragore, originaire du bassin méditerranéen, ne se trouve ni en France continentale, ni en Corse. Elle croît dans les bois ouverts, les oliveraies, les jachères, les bords de routes et les ruines. Cette plante est devenue très rare, même dans son aire d’origine. Les populations sont dispersées dans le domaine et certaines sont même vulnérables, comme celles du nord de l’Italie.
Culture :
La mandragore demande pour se développer un sol profond, non pierreux, frais mais pas excessivement humide. Le sol doit être extrêmement riche, un compost de feuilles et de fumier très décomposé par exemple. L’exposition doit être ensoleillée.
Les semis se font en automne, dans des pots suffisamment hauts ou en pleine terre, le substrat doit rester frais, et la germination, pas toujours facile, a lieu en mars l’année d’après. La plante rentre en repos en juin et juillet, toutes les feuilles disparaissent alors (il faut impérativement marquer l’emplacement des plantes dans le cas d’une plantation en pleine terre).
Usages :
De multiples vertus thérapeutiques lui sont attribuées. Par sa composition la Mandragore est notamment sédative, antispasmodique, anti-inflammatoire (en cataplasme), hypnotique et hallucinogène. Elle présenterait également des propriétés aphrodisiaques lui conférant une vertu fertilisante. La plante était également utilisée par les guérisseuses, notamment pour faciliter les accouchements, mais aussi contre les morsures de vipère.
Cette plante reste malgré tout déconseillée à utiliser, pouvant être à l’origine d’intoxications mortelles.
En raison de la forme vaguement humaine de sa racine et de ses composés alcaloïdes, la mandragore a été associée depuis l’antiquité à des croyances et des rituels magiques. Elle est devenue au fil des années tellement mystérieuse dans le folklore, qu’elle a été par la suite considérée non seulement comme la plus puissante mais également comme la plus dangereuse de toutes les herbes magiques.
Histoire et légendes :
Les précautions lors de la cueillette sont aussi énoncées dans les écrits de Paracelse (1493-1541). Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu’ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l’affaire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l’ébauche de l’homme, « petit homme planté » ou homonculus. Ainsi choyée, la racine de mandragore procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité. Elle était vendue très cher en raison du risque à la cueillette.
Mandragores mâle et femelle. Manuscrit Dioscurides neapolitanus, Biblioteca Nazionale di Napoli, début du VIIe siècle.
On trouve aussi parfois la mandragore et la jusquiame dans la composition d’onguents utilisés par les sorcières.
Les accusations qui conduisaient les sorcières au bûcher comportaient deux composants : les maléfices et le pacte avec le Diable. L’action judiciaire s’ouvrait sur une plainte pour les maléfices répétées d’une jeteuse de sort qui était censée provoquer la mort de nouveau-nés, faire tomber la grêle sur les récoltes, etc. L’accusation d’assistance au sabbat n’apparaissait que plus tard, lorsque les juges ecclésiastiques s’emparaient du dossier. À l’époque, tout le monde croyait au Diable. Il ne faisait pas l’ombre d’un doute, qu’en concluant un pacte avec le Diable, la sorcière pouvait accomplir des maléfices redoutables et travailler à la ruine de l’Église et de l’État. Des dizaines de milliers de sorciers et sorcières furent ainsi envoyés au bûcher en toute bonne conscience des autorités.
En tout état de cause, la mandragore est une plante toxique ! Son usage n’est en aucun cas recommandé.